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Au milieu des années 80, le constructeur britannique Amstrad surprend tout le monde en sortant un micro-ordinateur très bon marché qui fera date dans l'histoire de l'informatique grand public : l'Amstrad CPC 464.

Nous sommes en 1984, l'entreprise Amstrad est alors une société spécialisée dans le matériel hifi qui assemble différents composants à moindre frais : tuner radio, lecteur cassette, amplificateur, etc. Son fondateur, Alan Michael Sugar, dont les premières lettres du patronyme forment l'appelation Amstrad (le reste signifiant Trading ou négoce en français), analyse le marché et comprend qu'il reste une place disponible pour intégrer ce secteur. En effet, d'un côté se trouve des machines très performantes mais peu accessibles au commun des mortels à cause de leurs prix prohibitifs (Apple II, CBM PET 2001, IBM PC) ; de l'autre, des machines plus abordables mais souvent livrées en kit auquel il faut débourser beaucoup d'argent et de temps pour en retirer tous les avantages (Altair 8800, Texas Instrument TI99/4, Commodore VIC-20, Sinclair ZX80, etc.). Selon le principe de vente déjà éprouvé sur son matériel hifi, Alan Sugar demande à ses ingénieurs de travailler sur un modèle qui devra être vendu à un prix très agressif et dont la prise en main sera la plus simple possible. Le résultat est l'Amstrad CPC 464, un ordinateur 8 bits architecturé autour d'un processeur Zilog 80 vieillissant mais que tous les programmeurs connaissent. Cela aura son importance dans le développement d'applications futures.

CPC464

L'ordinateur est livré au choix avec un écran monochrome (en réalité vert et blanc) ou en couleur au-dessous de la barre symbolique de 4000 francs (soit 600 euros). Il propose 64 Ko de mémoire vive, un lecteur cassettes directement intégré au clavier mécanique de très bonne qualité et surtout un seul cable de raccordement faisant de cet appareil le premier ordinateur 'Plug & Play' qui ne s'encombre pas de toute une série de câbles. Il est également livré avec un langage de programmation en Basic qui fonctionne très bien et qui n'est pas développé par Microsoft, mais par Locomotive Software. Au titre des nouveautés, une sortie stéréo, rare à l'époque, qu'il est néanmoins préférable de brancher sur des enceintes plutôt que d'écouter l'unique haut-parleur intégré de mauvaise qualité. De par son architecture simple, le CPC voit rapidement l'ensemble des jeux vidéo d'arcade adaptés sur son support mais aussi toute une tripoté d'éditeurs dont certains français (Loriciel, Infogrames, Titus, Ere Infomatique) y développer quelques exclusivités. Malgré la concurrence terrible que se livre les constructeurs à cette époque, notamment Commodore avec son fameux C64, l'Amstrad déchaîne les passions, en particulier en Europe, où il détrône les premières places face aux Thomson TO7, Sinclair ZX Spectrum et Oric Atmos bien installés sur ces territoires. Il faut dire qu'à ce prix agressif identique à celui de la concurrence mais livré avec un moniteur couleur supplémentaire, le CPC 464 dispose de nombreux avantages et permet de s'initier aux joies de la programmation et du jeux vidéo à moindre frais. De plus, avec son moniteur, cela évite de devoir brancher l'appareil sur l'unique écran de télévision familial. Les premières ventes sont enthousiasmantes, plus de 500 000 CPC 464 s'écoulent en tout juste un an. Une filiale française est créée, les publicités avec les deux crocodiles de la marque affirmant qu'Amstrad a du mordant font leur apparition sur les chaînes françaises (voir vidéo ci-dessus). Même s'il ne propose pas la machine la plus puissante du marché, tout semble réussir à ce nouveau venu qui a su démocratiser l'informatique grand public grâce à un positionnement intelligent.

Si l'on n'occulte le CPC 664 apparu la même année et qui se vendra surtout en Angleterre ; le reste de l'Europe voit apparaître en 1985 une version améliorée du 464 : le CPC 6128. Celui-ci, toujours architecturé autour du Zilog 80, gomme toutes les imperfections de la première version de l'appareil. Il propose 128 Ko de mémoire vive pour un gain de rapidité appréciable, un lecteur de disquette 3 pouces de 180 Ko qui permet d'accélérer considérablement le chargement des applications. Il faut préciser qu'à l'époque, il n'est pas rare d'attendre quinze minutes pour charger un jeu sur cassettes au lieu de quelques dizaines de secondes sur disquette ! En 1987, les nombreuses adaptations de jeux vidéo et centaines d'applications font toujours la joie des possesseurs de CPC même si elles sont le plus souvent de moindre qualité que sur les machines concurrentes. De nombreux magazines spécialisés vantent les mérites de l'appareil et listent des pages entières de code en Basic qu'il faut compiler pour faire apparaître un dessin sur son écran. Ce n'est pas toujours très beau ou réussi ; en revanche, cela reste extrêmement glorifiant pour tous ceux qui ont réussi à surmonter l'écriture de ces programmes sans aucune erreur de syntaxe. Des vocations apparaissent et de nombreux game-designer, travaillant aujourd'hui dans les jeux vidéo, ont commencé de cette manière. La même année, Amstrad sort les versions PLUS de ces ordinateurs 464 et 6128, une nouvelles fois autour du Zilog 80, alors que les Atari ST et Amiga beaucoup plus perfectionnés sont déjà disponibles à la vente. Le constructeur anglais commence à tourner autour de son architecture qui dépassée techniquement. En 1990, tandis que la guerre est déjà perdue sur le marché de la micro-informatique, Amstrad décide d'intégrer les jeux vidéo en proposant une console de jeux, la GX 4000, qui reprend les spécificités du 464. Cette fois, la pillule ne passe pas auprès du public et face à des concurrents comme Nintendo, Sega ou Nec qui développent des merveilles de technologie comme la Super Nintendo, la Megadrive ou la PC-Engine, le consommateur ne se laisse pas avoir. Quelques semaines après son lancement, la GX-4000 ainsi que les différentes séries d'ordinateurs CPC ne se vendent plus. Amstrad n'a pas réussi son virage technologique vers les processeurs 16 bits et doit complètement arrêter sa production dès 1992.

cpc6128

Au total, le constructeur britannique aura néanmoins vendu près de 3 millions de CPC dans le monde dont un million uniquement sur le territoire français. Contrairement à d'autres sociétés qui n'ont pas survécu à la concurrence des PC et des Macintosh au début des années 90 (Atari et Commodore par exemple), Amstrad n'a pas déposé le bilan. Le groupe continue d'exister en recentrant son activité original sur la vente de produits hifi et vidéo en plus de décodeurs satellites. Une bien belle histoire qui aura émerveillé des millions de joueurs et suscité des vocations parmi ces derniers il y a plus de 25 ans avec des jeux comme Barbarian, Gauntlet ou Arkanoid par exemple.