La légende veut que le nom " Apple " provienne du fait que Jobs et Wozniak n'avaient toujours pas de nom pour leur société le jour du dépôt des statuts et qu'ils l'ont appelé ainsi puisque c'était ce qu'ils étaient en train de manger !

A cette époque, Steve Wozniak travaille pour Hewlett-Packard et Steve Jobs pour Atari. Il est d'ailleurs amusant de constater que Wozniak vient la nuit chez Atari pour coder le jeu " Breakout " à la place de Jobs !
Wozniak réussit à créer un ordinateur, l'Apple I, qui dispose d'un clavier et d'un écran en lieu et place d'interrupteurs (entrée) et de diodes (sortie) comme l'Altair, alors un des gros best-sellers de l'année. Hewlett-Packard ayant refusé de commercialiser sa trouvaille (le constructeur ne voyait pas l'intérêt de commercialiser un ordinateur pour le grand public), cette machine a donc été commercialisée par les deux Steve.

  Un magasin, " Byte ", en commande alors 50 unités et décide de les vendre 666,66 dollars. Ce prix aurait dû être de 777 dollars ( Jobs considère le chiffre 7 comme parfait ) mais Wozniak trouva la machine trop chère. Cette machine fut extrêmement rentable et vendue à 200 exemplaires. Le magasin récupérait 33% de marge et Apple 50% sur le prix d'origine ! Le problème de l'Apple I est qu'il ne s'agissait que d'une simple carte (il n'y avait pas de boitier) et qu'il fallait entrer les 3000 caractères de l'interpréteur Basic à chaque démarrage. La machine reçut donc un lecteur de cassettes, assez onéreux (75 dollars), afin de charger le Basic. Concernant le boîtier, le magasin " Byte " demanda à un ébéniste d'en faire un en bois.

La relève s'imagina vite : il s'agit de l'Apple II. Le cahier des charges était simple : faire en sorte que le jeu " Breakout " fonctionne dessus ! Cela signifie donc la gestion de la couleur, du son, et l'ajout d'une mémoire vidéo. De plus, cette fois-ci, le boîtier serait en plastique.

Breakout ou Casse Briques

Cet ordinateur est présenté pour la première fois en 1977 et fait forte impression. Cela est aussi l'occasion pour Apple de présenter son nouveau logo : une pomme en couleur et croquée. La couleur montre que l'Apple II peut la gérer, tandis que le " croc " était là pour éviter que l'on confonde la pomme avec une tomate !

L'Apple II se vend à 2 millions d'exemplaires et ce succès commence à inquiéter le géant IBM. Ce dernier lance donc le projet " Personal Computer " ou PC en 1981. Apple continue sur sa lancée. Après la sortie du Sara ( l'Apple III ) qui eut de gros problèmes de fiabilité et donc une mauvaise image, la société lance deux projets, " Lisa ", et " Macintosh ". Dans le même temps, Apple lance de nouveaux Apple II ( le II+, le IIe, etc ) alors qu'il s'agissait de révisions de l'Apple III.

  La société entre en bourse ( les employés deviennent d'ailleurs millionnaires à ce moment là ) et Xerox achète pour 1 million de dollars d'actions. Steve Jobs en profite pour négocier afin d'avoir accès à leurs recherches...

Xerox disposait en effet d'un centre de recherche à Palo Alto, le " PARC " (Palo Alto Research Center). C'est ici que des informaticiens inventaient toute sorte de choses sans se soucier de savoir si cela fonctionnerait ou non. Peu de gens savent qu'un grand nombre de concepts actuels sont nés là-bas ( comme l'ancêtre du TabletPC, le Dynabook ). C'est également au PARC que furent inventé la souris, l'interface graphique et nombre de concepts que nous utilisons encore aujourd'hui ( corbeille, glisser / déposer, etc). Apple a pu donc sans vergogne reprendre toutes les idées du PARC pour les intégrer à un ordinateur grand public.

Pour l'anecdote, " Macintosh " est une marque de pomme ( " McIntosh " est son vrai nom mais la marque était déposée) et " Lisa " est le nom de la fille ( longtemps non reconnue ) de Steve Jobs. Les deux équipes qui travaillent sur ces projets devaient lancer leurs bébés en même temps. Jobs s'occupait du projet Lisa et Raskin, un ancien d'Apple (il arriva en 1977), du projet Macintosh. Hélas, les premiers " troubles " de personnalité de Jobs apparaissaient ce qui conduisit à son éviction du projet Lisa. Il rejoint alors le groupe Macintosh, prive Raskin de tout pouvoir, l'évince (ce dernier quitte alors la société) et revendique seul la paternité du Macintosh.

Janvier 1983, Apple présente enfin le Lisa. Le problème reste son prix : prévu à $2000, il est lancé à $10 000 ! Avec ce prix et malgré d'étonnantes qualités, le Lisa se vend mal : 11 000 exemplaires, 6 fois moins que l'Apple III, qui était déjà un bide. Le développement du Macintosh a donc été modifié afin d'éviter de rééditer ce bide et des éditeurs ont été appelés à la rescousse afin de développer des logiciels meilleurs que ceux présents sur le Lisa. Pour l'anecdote, Microsoft fait partie de ces éditeurs. La même année, un nouveau patron, John Sculley, prend la tête d'Apple grâce à une phrase toute simple de Steve Jobs : "Voulez-vous continuer à vendre de l'eau sucrée toute votre vie, ou voulez-vous venir avec moi pour changer le monde '". John Sculley était en effet le patron de Pepsi-Cola auparavant.

Sculley est séduit par le Macintosh et Apple investit alors sans compter dans sa communication. La publicité la plus célèbre est celle qui reprend " 1984 ", le roman de Georges Orwell. On y voit une femme athlétique courir et lancer un marteau dans un écran vidéo ( représentant Big Brother ) qui lobotomise des hommes. Un buzz avant l'heure se forme alors autour du Macintosh et les employés d'Apple croient même participer à un évènement historique ! Le Macintosh, contrairement au PC, est livré avec son système et les logiciels livrés justifient à eux seuls l'achat de la machine. Ajoutons que celui-ci dispose de moins de composants qu'un PC, ce qui le rend moins sensible aux pannes. Quand le Macintosh est présenté officiellement par Steve Jobs pendant une assemblée des actionnaires (qui ressemble à une keynote),  les grandes chaînes d'informations américaines comme NBC en parlent dans leur journal télévisé ! L'ordinateur parle en effet avec une synthèse vocale et a pu se présenter tout seul (en remerciant son " père " Steve Jobs).

Le buzz concernant le Macintosh est encore utilisé aujourd'hui par Apple. La société avait fait signer une clause de discrétion aux journalistes et la société chargée des relations publiques d'Apple espérait des fuites. De là sont arrivées les rumeurs les plus folles concernant la machine. Le succès fut immédiat : Apple vend en 6 mois plus de 100 000 Macintosh, bien plus que les prévisions les plus optimistes de la société. Quand Apple présente en France son Macintosh, la presse ne fut pas tendre avec elle. Cela rappelle étrangement l'atmosphère actuelle où les fans d'Apple crient à la trahison quand on voit ce dernier présenter de nouveaux iPods alors qu'ils veulent des Macs ! Et c'était il y a 20 ans...

Le succès du Macintosh est, hélas, de courte durée car dès le milieu de l'année 1984, les ventes stagnent. Les raisons en sont multiples :
Le système est finalement trop cher au vu du peu de logiciels disponibles pour la plate-  forme.
Le Macintosh ne dispose pas de disque dur (il faut tout sauvegarder sur des disquettes de 400Ko) ni de port SCSI (installer un disque réclame donc de le faire reconnaître à chaque fois par le système via une disquette !)
Le Macintosh ne dispose que de 128Ko de mémoire vive, ce qui pénalise les développeurs.
Le MFS ( Macintosh File System ) ne garde en mémoire que 128 fichiers par disque ! Il faut donc créer des partitions à chaque fois !

Avec tous ces handicaps, les gens péfèrent acheter un PC moins fourni à l'achat mais disposant d'une ludothèque de logiciels (notamment Lotus 1,2,3, LE tableur de l'époque). Le Macintosh lui, ne dispose que de deux vrais logiciels : MacWrite et MacPaint. Pour relancer les ventes du Macintosh, Apple relance la communication, lie le Macintosh avec des stars de l'époque (comme Mickael Jackson), accepte un éditeur renommé (Microsoft, qui programme alors " Multiplan ", un tableur pour Mac) et même un discours de Bill Gates qui affirme que le Macintosh est le meilleur ordinateur du monde (" Si je devais offrir un ordinateur à ma grand-mère, ce serait celui-là ").

Hélas, l'entrée dans l'ère Macintosh se solde par le départ de Steve Wozniak, qui n'est plus d'accord avec la stratégie du groupe. Puis John Sculley évince Steve Jobs (en fait, il le pousse à la démission) et licencie 20% des effectifs d'Apple (soit 1200 personnes) pour commencer alors son plan de faire d'Apple une vraie multinationale, au même titre qu'IBM ou Hewlett-Packard...

Pour combler les lacunes du Macintosh original, Apple annonce rapidement le Mac 512. C'est exactement le même Macintosh que l'original mais équipé de 512Ko de mémoire vive. Les applications n'ont donc plus besoin d'être segmentées et s'exécutent donc beaucoup plus rapidement. Dans le même temps, Microsoft annonce la nouvelle version de " Multiplan ", son tableur, qu'il renomme par la même occasion en " Excel ". Noël 1985, Apple retrouve des couleurs. Après le lancement de l'Apple IIe (en fait, un Apple III renommé), John Sculley offre des jours supplémentaires de vacances, des cadeaux de Noël et organise même une fête pour ses employés ! Apple s'offre même le luxe d'acheter 14 pages de publicités dans le magazine " USA Today " pour présenter les Apple IIe et IIc !

En 1986, Apple continue d'améliorer son Macintosh : Le Mac 512e fait alors son apparition (128Ko de ROM, ce qui permet de s'affranchir de la limite des 128 fichiers par disque) puis le Mac Plus, en avril de la même année, qui dispose d'un Mo de RAM extensible à 4Mo ! En même temps que ce MacPlus arrivèrent de nombreuses applications comme Word 3, Excel ou 4D. Mais ce qui lança ce Macintosh et même une partie du business Apple à ce moment-là reste le logiciel PageMaker. En effet, à cette occasion est inventée le terme " PAO " (Publication Assistée par Ordinateur) et Apple vient de créer un marché : il est enfin possible de faire des publications de qualité professionnelle avec un ordinateur personnel ! En même temps est lancée une imprimante Laser haute définition d'Apple, ce qui finit de former un trio gagnant... Apple commence à refaire de l'argent. La transition entre les Apple II et les Macintosh étant assez compliquée pour les développeurs, Apple lance l'Apple IIgs, qui était compatible avec les Apple II en arborant l'interface des Macintosh. Hélas, cet ordinateur fit un flop.

Le Mac SE (pour " System Expansion " ou Mac II) suit rapidement et ajoute une baied'extension au Macintosh (alors que le projet originel était de faire du Mac un ordinateur simple, en partie parce que sans possibilité d'évolution). Le Mac II va encore plus loin : John Sculley, le patron d'Apple, le présente comme un ordinateur modulable, où il est possible de rajouter de la mémoire, des extensions et même de choisir son écran. Il rompt donc avec le design monobloc de ses prédécesseurs.Ces Mac disposent aussi d'un disque dur interne et de la possibilité de lire les disquettes 1.44Mo (contre 400Ko pour les précédents modèles). La ROM de ce Mac était de 512Ko. Au niveau logiciels, le Mac SE se dote du MultiFinder, qui permet de switcher d'une application à une autre sans avoir à les relancer à chaque fois (une révolution pour Apple à l'époque). La PAO est aussi un des points forts de ces Mac car en même temps apparait XPress, le logiciel de mise en page Postscript. Postscript est un langage de description des documents qui permet une très bonne mise en page et surtout une meilleure qualité à l'impression.

Jusqu'à la fin 1989, Apple a fait évoluer sa gamme de Mac II et de Mac SE. Ces révisions apportent essentiellement de nouvelles baies d'extension ou des fréquences d'horloge supérieures. Mais la grosse nouveauté de cette fin des années 1980 est l'arrivée du Mac Portable. Portable, le mot est cependant un chouilla exagéré, la machine pèse 7.2 Kg avec son disque, et reste peu compacte. Cependant, la machine est très autonome par rapport aux portables PC et son écran est lisible, grâce à sa matrice active. En mode veille, ce portable tenait environ 1 mois !

1989 marque aussi la fin du Lisa. Les derniers exemplaires sont transformés en Mac puis finalement enterrés dans un champ(!). Les sorties d'Apple sont moins prolifiques les années suivantes et ce malgré la montée en puissance des Personal Computers, bien moins chers. Le constructeur à la pomme sort (encore) des révisions de son Mac II (Mac IIsi et Mac IIfx) et décide de sortir un Macintosh abordable financièrement, le Classic, qui sort à moins de $900.

Hélas, une menace se profile en cette de décennie. Microsoft travaille en effet depuis très longtemps sur son système concurrent, " Windows ", utilisant également le principe d'interface graphique et de fenêtres. Les premières versions connaissent un bide. En effet, Microsoft a tenté de réaliser un système de fenêtres " rangées " : on ne pouvait pas placer une fenêtre sur une autre, elles étaient toutes côte à côte. Une des raisons de ce mode de fonctionnement est un accord signé avec Apple : Microsoft s'engageait à ne pas copier l'interface du Mac sur le système Windows 1.0. Cette mise en gras est importante : la version 2.0 du système pouvait donc tout à fait copier Apple. Les avocats d'Apple ont donc mal rédigé cet accord... Remarque, en 2006 on en est toujours à comparer les interfaces graphiques des OS Apple (MacOS X Tiger et Microsoft (Windows Vista) ! Windows 1.0 fut un bide lors de sa sortie très tardive en 1984. Windows 2.0 n'a pas non plus déchaîné les foules. Cependant, Windows 3.0 arrive et il est temps pour Apple de réagir. La société lança avec l'aide de Novell et d'Intel le projet " Star Trek " pour faire en sorte d'aller " là où un Mac n'est jamais allé ". Les " Trekkies " sont les programmeurs de ce projet très spécial. Le but est de porter sous plate-forme Intel le système Mac (qui s'appelait à l'époque " Système [Numéro de version] ".

Le raz-de-marée Windows 3.1 (en même temps que la sortie du Système 7) conforte Apple dans ce portage. Les trekkies avancent vite et présentent à Apple un OS bien plus tôt que les prévisions. Hélas, alors qu'il était possible de sortir ce système sur PC en 1994 (avant la sortie de Windows 95) et que celui-ci était bien plus puissant que l'OS de Microsoft, Apple décida d'abandonner le projet car il allait annoncer sa transition vers les processeurs PowerPC ( en lieu et place des processeurs Motorola 68000 ). Or, il n'était pas économiquement possible de mener deux chantiers de front...

Revenons à 1991. Apple continue sur sa lancée et annonça le Mac LC ( pour Low Cost ) qui dispose d'un écran couleur et ne coûte pas trop cher. En octobre de la même année, la société présente le Classic II, qui intégre une prise microphone (le second ordinateur à la pomme à en être doté). Enfin, toujours au mois d'octobre, la société lance le Powerbook, le premier " vrai " portable made in Apple. Une autonomie de 3h, un poids entre 2.3Kg et 3.1Kg, trois modèles disponibles (seul le processeur et la qualité d'écran change), le Powerbook commence sa jeune carrière avec brio... Encore en même temps que ces machines, Apple lance les Quadra, des machines destinées aux professionnels (leurs prix étaient d'environ $5000 !). Mais les restructurations au sein de l'entreprise commencent. En 1992, le prix des PC commence à chuter, Apple licencie 345 personnes et lance la gamme Performa, destinée à concurrencer les PC low-cost aux Etats-Unis. Ils seront distribués plus tard en Europe de couleur blanche... Apple lance la même année un Mac IIvx qui dispose entre autre d'un lecteur de CD-ROM interne (une première sur un Mac).


Revenons à 1993 : en juin, John Sculley est remercié, et remplacé par son ex-directeur général, Michael Spindler. Accrochez-vous, Apple décide de sortir des gammes...
-  Performa, pour le grand public
- Quadra, pour les professionnels
- Centris, pour les professionnels qui n'ont pas beaucoup d'argent à dépenser (il s'agit de Quadra moins rapides).
On se retrouve donc avec tous les ordinateurs de la firme renommés : Le Classic II devient donc Performa 200, le LCII devient Performa 400, le LCIII se renomme Performa 450, etc. Pour compliquer encore la chose, des machines identiques prennent le même nom. Le LC 475, renommé Performa 475, est aussi disponible pour les professionnels sous le nom de Quadra 605. Un beau bazar, qui contribuera à la chute d'Apple du milieu des années 1990. Pour couronner le tout, Apple décida de produire des déclinaisons et des sous-déclinaisons de toutes ces machines ce qui donna des noms poétiques et évocateurs tels que Performa 455, 603, 460 et 461 alors que les différences entre ces derniers étaient minimes (par exemple, la RAM) !


Tout cela change au cours de l'année 1994, en Mars plus précisément. Apple présente le remplaçant du Quadra, le PowerMacintosh. Son nom vient de la puce qu'il utilise, le nouveau processeur PowerPC. Développé conjointement par IBM et Motorola, il part d'un constat simple. Les puces actuelles, de type CISC, embarquent des instructions de plus en plus complexes et donc gourmandes en énergie. IBM décide donc de développer un processeur de type RISC, capable de ne réaliser que des instructions simples, mais de manière plus rapide, et surtout combinées pour réaliser une action complexe. IBM s'allie à Motorola car il ne dispose pas d'usines de fabrication de processeurs... Comme les processeurs actuels des Macintosh sont RISC et surtout sont incompatibles avec ce nouveau processeur, Apple met en place un émulateur sur ses PowerMac à l'aide de Connectix. A noter que le PowerMac dispose de cartes Pentium en option et est donc compatible Windows. Trois modèles sont disponibles : format tour, bureau et boite à pizza. La boite à pizza disparaît rapidement, du fait de son échec commercial. Les autres versions font quant à elles leur bonhomme de chemin.

Alors qu'il aura fallu 10 ans pour passer de 8Mhz à environ 40Mhz, avec le PowerMac et le PowerPC, Apple peut proposer des machines cadencées à 75Mhz dès juillet 1995 ! Les gens découvrent enfin le multimédia, les Cédéroms et l'acquisition vidéo. Dans le même temps, et pour faire face à la montée en puissance des PC, Apple autorise des entreprises à fabriquer des Macintosh.

Nous voilà à la sortie de Windows 95 : toutes les innovations de ce nouveau Windows (nom de code : Chicago) viennent de Système 7, l'OS (vieillissant) d'Apple. Microsoft investit 300 millions de dollars en publicité (du jamais vu), annonce des " innovations " exceptionnelles comme le Plug & Play ou la corbeille et rattrape tout son retard sur Apple. Un million de copies seront vendues en 4 jours. Apple perd une bataille, et quelle bataille ! Apple gère mal en interne également puisque la plupart de ses machines ont des problèmes de qualité et les mises à jour de son OS sont toutes buguées. Apple passe à moins de 4% de part de marché. Michael Spindler est remercié en octobre 1995, et remplacé par Gil Amelio.

Gil Amelio est un cost-killer et est donc accueilli chez Apple avec moults primes (1 million de francs en cash et 26 millions de prêt). Son salaire est également énorme : 1 million de dollars par an. Son but est évidemment de redresser Apple. A noter que depuis Steve Jobs, Amelio est le premier P-DG qui s'y connaît en informatique. La première mission de Docteur Amelio (son surnom) est d'empêcher l'OPA de Sun sur Apple. Sun veut Apple depuis quelque temps mais à un prix jugé trop bas par tous. Amelio arrive donc à empêcher cela. En bon cost-killer, Amelio taille dans les dépenses, abandonne le projet Copland (le successeur de Système 7, qui accumule les retards et dépense 3 milliards de francs annuellement !), licencie 3000 personnes, relance le marché des clones, et rachète NeXT pour 430 millions de dollars... Société fondée par Steve Jobs après son éviction d'Apple. Steve Jobs, via le rachat de sa société NeXT, rentre donc à la maison... et prépare son retour.

Pendant longtemps, Be Inc, le créateur du système d'exploitation BeOS et fondé par le français Jean-Louis Gassé, était visé par ce rachat. Cependant, Gassé se montrait trop gourmand et demandé au moins 500 millions de dollars en cash (alors que les rachats se font souvent par actions). Finalement, NeXT lui a été préféré. Gassé vendra finalement Be Inc quelques années plus tard à Palm Inc pour une dizaine de millions de dollars. Gil Amelio se sépare aussi de Newton, qui devient une société indépendante (voir le chapitre du même nom), de la technologie Pippin (devenue entre autres une console de jeux créée par Bandaï au flop retentissant) et réorganise la production en interne. Tout cela permet de préparer sereinement la MacWord de Janvier 1997.


 janvier 1997. MacWord de San Francisco. Gil Amelio présente le prochain Système, version 7.7. Le public peut découvrir des nouveautés telles que les copies simultanées. Amelio s'étend ensuite sur le futur de Système, qui se basera sur le système de NeXT, nommé NeXTStep. Le nom de code est " Rhapsody ". On peut y voir pour la première fois le concept de la Yellow et de la Blue Box. La Blue box joue le rôle d'émulateur tandis que la Yellow Box sert aux applications Rhapsody. Steve Jobs arrive ensuite pour présenter (comme seul lui peut le faire) NeXTStep.

Système 7.6 est disponible quelque temps après. Il gomme enfin tous les bugs des versions précédentes. En même temps, la gamme Performa fusionne avec la gamme PowerMacintosh. Enfin, Apple sponsorise deux films hollywoodiens, " Independance Day " et " Mission : Impossible ". Petit à petit, Amelio est décrédibilisé, d'abord par une rumeur de rachat de Larry Ellison puis lorsque qu'un milliardaire d'Arabie Saoudite ( le prince Al-Walid ) achète pour 115 millions de dollars d'actions Apple et enfin lorsque un inconnu vend 1.5 million d'actions Apple à un prix très bas (Steve Jobs lui-même '). Il est contraint à la démission en juillet 1997. Amelio écrira un livre " Mes 500 jours à Apple " un peu plus tard (" On the firing line, my 500 days at Apple ").

En même temps que le départ d'Amelio, Apple lance son Système 7.7... renommé MacOS 8 (Système était devenu un nom synonyme de bugs...). Cela permet à Steve Jobs d'écarter les cloneurs car les licences ne portent que sur les versions 7.x du système. Les licences pour la version 8 sont donc proposées à un prix exagérément élevé. Un seul survivant subsiste, Umax, mais avec l'accord qu'il ne vendrait que des Macs à très bas prix... En même temps, Apple rachète un autre cloneur, PowerComputing, pour bâtir en partie l' AppleStore.

Le 6 août de la même année, à la MacWorld de Boston, Steve Jobs présente à ses fans son nouvel ami : Bill Gates. Ce dernier se fait huer pendant près d'une minute, et ceci dès son apparition sur l'écran géant. Le Titanic Apple est donc aidé par un remorqueur inattendu. Microsoft s'engage à payer un montant non divulgué à Apple afin de solder leur différends concernant l'invention de l'interface graphique. De même, la société propose dès la fin de l'année une nouvelle version de sa suite bureautique Microsoft Office et en profite pour racheter 6% d'Apple (un pied de nez de l'histoire).